
Je m’appelle Jean-Pierre Evelin, je suis entré en CCF à Paris en 1983, j’avais 20 ans et étais étudiant. Je l’ai quittée en 1988.
Je n’ai vu le fondateur que de loin, dans des grands rassemblements (Karellis, we nationaux, ...). Comme beaucoup de jeunes de mon âge, j’étais fasciné par lui, par le mystère qu’il dégageait, sa présence rare, l’adhésion enthousiaste qu’il suscitait chez les « cadres », plus âgés que moi et que j’admirais aussi.
A 17 ans, j’avais vécu une expérience très forte de l’amour de Dieu à la Roche d’or qui avait bouleversé ma vie. J’ai trouvé en CCF un prolongement naturel à cette découverte et un lieu pour le vivre avec d’autres. J’étais par ailleurs dans un grand besoin affectif qui me rendait vulnérable à toute sorte de gourou ou de secte pour peu que j’y trouve l’amour et la reconnaissance qui me manquaient tellement.
Le we A m’a énormément touché et je continue à penser que sa pédagogie était d’une grande justesse. Ces années de CCF ont été très riches, j’ai découvert PRH qui m’a fait entamer un chemin salutaire de connaissance de moi. Au printemps 1986, j’ai participé comme beaucoup d’autres au we Apôtres des Temps Nouveaux. C’est au cours de ce we qu’a été présenté l’autofinancement pour les permanents, solution trouvée par le fondateur pour augmenter le nombre de permanents à frais 0. A la fin du we, ceux qui avaient discerné de devenir permanents se sont levés et ont été applaudis. Je n’en étais pas, ayant décidé, à l’issue de mon service militaire qui se terminait l’été suivant, de chercher un travail d’ingénieur. Les jours qui ont suivi, une des responsables de la CCF Paris de l’époque s’est soudainement désintéressée de moi ...
En 1991, j’ai appris l’éviction du fondateur. La rumeur que j’ai retenue était qu’il avait détourné à son profit personnel de l’argent donné aux FMN et qu’il se baignait nu dans sa piscine avec des jeunes présents à Biot. J’ai pensé que la réussite des FMN lui avait monté à la tête et qu’il avait pété un plomb. J’en suis resté là jusqu’à ce que je découvre le site choisirlalumiere.com.
Quelle n’est pas ma stupeur de découvrir que le fondateur était en réalité un violeur depuis son adolescence et qu’il a commencé à sévir dès les débuts à Poitiers !
Stupeur redoublée en apprenant que son épouse était aussi de la partie et qu’ils auraient formé des disciples reproduisant et pérennisant le système d’abus !
Stupeur triplée en découvrant que le fondateur est à présent archiprêtre orthodoxe, curé d’une paroisse près de Paris, où il il dispose à nouveau depuis 20 ans d’une autorité spirituelle sur des personnes.
Stupeur quadruplée enfin en découvrant sur la page « histoire de fondacio » du site officiel de Fondacio (https://fondacio.fr/nous-connaitre/histoire/) la toute petite phrase qui évoque l’éviction du fondateur : « En 1991, le fondateur a quitté le mouvement suite à une faute grave » qui laisse penser qu’il a fait un truc pas bien alors qu’il s’agit d’agressions sexuelles punies par la loi !
Je n’ai personnellement rien subi, ni perçu, ni vu à l’époque. Je réalise la chappe de plomb de silence en 91 où aucune parole n’a été dite officiellement. Mais aussi chappe de plomb de silence qui a couvert tous ces abus pendant près de 20 ans. Et chappe de plomb de silence qui continue encore aujourd’hui, Fondacio n’ayant toujours pas fait la vérité sur tout cela.
Or, il s’agissait bien d’un « système » de domination et d’abus et non de dérapages individuels !
Je n’ai pas subi moi-même d’abus, mais je me sens encore aujourd’hui trahi, abusé dans la confiance que j’ai donnée à l’époque aux responsables des FMN et j’ai besoin que la lumière soit faite, que les responsabilités et les fautes soient établies, que la vérité soit faite.
Je travaille actuellement pour le diocèse d’Orléans comme responsable de la formation permanente. Auparavant, j’ai été pendant 10 ans responsable de la communication de ce même diocèse. En 2016-2018, j’ai eu à gérer avec mon évêque plusieurs crises liées à des prêtres pédophiles. A cette occasion, j’ai rencontré et écouté des victimes et j’ai été bouleversé de sentir combien les abus sexuels peuvent être destructeurs, notamment quand le silence a été imposé pendant des décennies. Je comprends maintenant combien il est important pour les victimes, mais aussi pour tout le monde, de faire la vérité sur ces actes, de dire des paroles et de permettre aux victimes d’être entendues dans leur souffrance.
Je remercie profondément toutes les femmes qui ont le courage de témoigner sur ce site et je vous témoigne de ma sincère solidarité.