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" J’avais 23 ans et j’étais jeune permanente. Formé par le fondateur et sa femme, mon accompagnateur a eu quelques semaines sur moi une autorité constructive. L’accompagnement portait spécifiquement sur mes difficultés de relations aux hommes ; j’étais sécurisée car il était marié et père.
Il m’a proposé de l’accompagner en mission. Un soir, dans sa chambre-bureau où nous préparions la journée de mission du lendemain, il me fait signe de le rejoindre sur le canapé. Choquée et sans voix : un homme marié … dans une communauté chrétienne … qui m’accompagne … et qui me fait une invite ?!? Déjà enfant, alors que j’avais autant besoin de la sécurité du lien paternel que d’un cadre de relations respectueuses, j’avais dû faire un “choix” impossible : garder l’indispensable lien paternel ou subir ce que je ne voulais pas vivre. Et voilà que ça recommence. Je suis figée. « Allez, viens, tu en crèves d’envie ! » insinue-t’il. Me voilà totalement perdue. En quelques minutes la confiance a fait place à l’angoisse. Le trauma se réouvre, la panique prend le dessus. Je m’allonge contre lui, le contact me rassure. Ça s’arrête là. Mais une relation incestuelle s’est mise en place, avec pour conséquences une forte dépendance affective à lui, et la perte de ma liberté intérieure : je lui fais désormais davantage confiance qu’à moi-même.
Il devient mon responsable de mission en plus d’être mon accompagnateur. L’espace se confine de plus en plus. Quelques mois après, il m’invite à dormir chez lui. Il entre sans mot dire dans la chambre où je suis couchée, se déshabille et s’allonge sur moi en slip. Pas d’explication, pas de demande d’accord, pas un mot : imposition de son corps allongé sur le mien ! Je n’ai plus de frontières. Me revoilà figée, sans voix. Mon corps aux abonnés absents ne sait plus me protéger, il est en mode survie : attendre que ça passe. J’ai régressé au stade de l’enfant traumatisée par une relation incestuelle. Il se lève et repart. Sans un mot. Je reste dans la confusion la plus totale.
Je quitte la permanence et la communauté quelques temps après en 1989. Sans l’intervention d’aucun tiers : personne pour me proposer un bilan, pas d’au-revoir formel ni de parole après 2 ans de permanence, pas de point sur la relation à mes parrains. Sans arrêt signifié de mission ni d’accompagnement.
Il y a peu j’ai appris qu’il ne s’agissait que de « pratiques apéritives ». En clair : un début d’initiation aux “relations du monde nouveau », sans passage à l’acte. Une chance, j’ai échappé au menu complet : attouchements sous emprise allant jusqu’au viol, au cours de prétendus « accompagnements de croissance». "
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